Encore l’Abitibi (comme un disque rayé ou un souvenir qu’on ne peut effacer)

par Pierre Yergeau

La première maison en Abitibi était un chalet de bois rond dans le village minier de Bourlamaque. Le chevalement de la mine surplombait les amas de maisonnettes construites de billots d’épinettes blanches coupées dans la forêt avoisinante. Les rues de gravier étaient bordées de grands saules, qui semblaient se dresser avec leurs troncs crouteux comme un défi à la monotonie de la forêt boréale.

C’est achalant à quel point les souvenirs peuvent ressembler parfois à des cadavres. Il manque un bras. On dirait que ce visage est costumé pour aller à un bal. Les voix n’ont plus d’intonation et l’enfant devant moi a avalé un tube de somnifères.

Je n’arrive plus à écrire (mais je danse)