22 mai
par Pierre Yergeau
La nuit, mon esprit reste dans le corridor. Le jour, mon cœur claque des portes.
Élios, notre chien, plaque son museau contre le sol. Il me regarde avec ses yeux ronds de bouffon.
Bruno est en amour. Cela fait plus de dix ans que l’on travaille ensemble, et je ne le connais pas plus que ça. Je le devine, plutôt. Hier, je suis allé chercher des Français au métro Radisson. Elle est acrobate, et lui magicien. Je n’invente rien. Ils sont également grossistes en vêtement et viennent d’ouvrir un local à Montréal.
Ce matin j’ai corrigé une traduction sur des études pharmacologiques. Les effets psychoactifs, les protocoles, les formulations potentiellement dissuasives pour les opiacés. J’ai fait un pain de seigle bio et la soupe d’Hyppocrate. Et là je zieute le dossier où se trouve mon roman. Vais-je l’ouvrir? Est-ce qu’un nouveau contrat de traduction va tomber dans ma messagerie? Est-ce que je devrais prendre la guitare et jouer un peu? Regarder Instagram?
La nuit, je pars à la chasse dans les bois. Le jour, je suis comme un oiseau sur son perchoir.